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Pile ou face, sur le ventre ou sur le dos ?

Après neuf mois de baignade dans l'apesanteur du ventre maternel, le bébé n'a, à la naissance, aucune posibilité de se mettre dans une position qu'il choisirait. C'est l'adulte qui l'installe, selon la culture et les habitudes familiales, soit dans un lit (couché sur le ventre, sur le côté ou sur le dos), soit contre le corps de sa mère, amarré sur son ventre, son dos ou ses hanches, la tête de l'enfant généralement orientée vers elle.

 

Quelle que soit la position choisie par l'adutle, l'enfant s'y adapte, s'y habitueet accepte mal d'en être changé ensuite, tant qu'il n'a pas acquis une autonomie de mouvement.

 

Dans notre culture, où les bébés dorment dans leur lit, il est désormais connu, et admis par tout le monde, que la position de sommeil sur le ventre est dangereuse, car elle accroît les risque de mort subite du nourrisson (voir l'article sur la MSN) Mais, depuis que les bébés dorment sur le dos, tout le monde s'inquiète parce qu'ils ont souvent la tête aplatie. Voilà pourquoi de nos jours, parents et assistantes maternelles reçoivent beaucoup de conseils contradictoires concernant la position dans laquelle le bébé doit être installé pour jouer, tout en gardant une belle tête ronde.

 

Alors, jouer sur le ventre ? Sur le dos ? Comment s'y retrouver ?

 

Peut-être en observant les bébés, pouvons-nous essayer de comprenre ce que ces deux positions favorisent en terme de confort, de sécurité, de mouvements actifs, de capacité à entrer en relation et à percevoir le monde qui les entoure.

 

Que vit un bébé de moins de 4 mois, allongé sur le ventre ?

Est-ce simple pour lui de jouer dans cette poisition ? Si on l'observe posé sur le ventre, il peut adopter deux postures : soit la position de la grenouille, les pieds écartés de chaque côté, soit la position jambes repliées sous les fesses, les pieds tournés vers l'intérieur, les orteils recroquevillés. Il a ainsi, au niveau du bas du corps, très peu de mobilité et ne peut faire autre chose avec ses jambes que de les allonger, ce qui ne facilite pas une bonne position des hanches.

 

Au niveau du haut du corps, il parvient vers 2 ou 3 mois à soulever sa tête et ses épaules, et peut dans cette position tourner la tête à droite et à gauche. Mais que peut-il voir ? Le matelas sur lequel il est allongé ? En forçant un peu, l'objet posé à quelques centimètres devant lui ? Cela lui demande beaucoup d'efforts car sa tête est très lourde. Il y parvient au prix d'une crispation des muscles du cou, des épaules et des bras. Si 'objet est intéressant à regarder, l'attraper représente un véritable défi ! Il faut pouvoir libérer son bras et ouvrir la main, alors que tous les muscles sont contractés par l'effort de soutenir la tête. Pour regarder ses parents, ou l'adulte qui prend soin de lui, c'est la même chose. Au prix de bien des efforts, il parvient à regarder cette silhouette, ce visage, ces yeux et au moment où son visage s'illumine d'un grand sourire, voire d'un éclat de rire, la tête retombe brutalement sur le tapis d'éveil ! C'est une position qui ne peut être, à cet âge, que transitoire dans son maintien et dans le plaisir qu'elle procure à l'enfant. Sur le ventre, c'est la totalité du corps qui est en appui sur le sol. L'enfant ne peut ni voir ni attraper ses jambes.

 

Vers 4 à 5 mois, il parvient en se déséquilibrant, par hasard au début, puis volontairement à se retourner sur le dos. Mais lorsqu'il y parvient, il a dépassé l'âge où il apprécierait de simplement bouger ses membres dans tous les sens. Il cherche à se éplacer, à se retourner du dos sur le ventre et finit par ramper en gardant un traonc raide et des pieds tournés vers l'extérieur ou vers l'intérieur.

 

Que vit un bébé installé sur le dos lorsqu'il joue ?

 

Si on observe le bébé sur le dos, on voit qu'il peut très facilement mobiliser ses jambes dans toutes les directions. Les hanches, les genoux, les chevilles et même les orteils sont mobiles. L'enfant s'y exerce autant par plaisir que lorsqu'il est en colère. Ces mouvements qu'il effectue avec de plus en plus de force, à longueur de journées impliquent l'ensemble de la musculature des jamves, du dos et du ventre. Cela permet à toutes les articulations d'être activement mobilisées et donc de se développer harmonieusement. Les orthopédistes avaient du reste alerté les pédiatres sur l'augmentation de la fréquence des luxations de hanche pour les bébés installés sur le ventre et sur une prévention possible grâce à la position sur le dos.

 

Au niveau du haut du corps, l'enfant peut tourner la tête cers la droite et vers la gauche (elle peut trouner sur 180 degrés), regarder ses mains, le mouvement de ses doigts. Au début, on a le sentiment qu'il ne sait pas que ce sont ses mains et, peut à peu, il comprend, parce qu'il ressent les mouvements en même temps qu'il les voit, qu'il peut diriger ses mains, ses bras, ses doigt. Plus tard, il fera de même avec ses jambes et ses pieds, qu'il parviendra à voir, à attraper et à diriger.

Au delà de son corps, il peut aussi regarder dans toutes les directions, commencer à se contruire une représentation de l'espace, du relief de la distance : entre sa bouche et sa main d'abord, puis entre sa main et l'objet posé à côté de lui, puis distance entre son lit et ce qu'il perçoit, là-bas, plus loin dans la chambre. Lorsque sa mère vient le voir, il peut la reconnaître, suivre son approche, lui sourire, l'appeler, sans effort.Sa tête, son cou, s dos, son bassin reposent sur un plan suffisamment ferme (un tapis de sol sans oreiller) pour qu'il puisse se sentir soutenu. C'est ce soutien qui facilite la sécurité de ses mouvements et leur amplitude, mais aussi qui permet d'engager le dialogue et de le maintenir sans entrave.

 

Vers l'âge de 6 mois à force d'exercice l'amenant à se tourner sur le côté, le bébé se tourne sur le ventre, puis du ventre sur le dos. Il utilise alros ces mouvements pour se déplacer en roulant. C'est le début de l'exploration, le premier stade de l'autonomie, l'enfant qui son port d'attache. S'il a pu faire toutes ces expériences, installé sur le dos sans être gêné dans ses mouvements par des vêtements trop serrés ou par des oreillers qui le surélèvent, sa tête comme tout son corps aura pu adopter toutes les positions imaginables dans l'espace.

 

Dans ces conditions jouer sur le dos n'entraîne pas de tête aplatie.

 

Les têtes aplaties

 

Les formes du crâne des bébés à la naisance sont diverses, en fonction de leurs caractères héréditaires, de leur position dans le ventre maternel et des modalités de l'accouchement. Certains bébés ont un crâne très rond étiré vers l'arrière et ne pourront dormir que la tête tournée sur le côté droit ou gauche ; ils peuvent alterner sans difficulté. D'autres ont un crâne très aplati en arrière et auront peu tendance à tourner spontanément la tête sur le côté pour dormir. La position de sommeil sur le dos n'aide pas au remodelage qui, de toute manière, ne se fait pas en quelques semaines et prendra un à deux ans pour s'atténuer.

 

Les crânes asymétriques, aplatis sur un côté, entraînent un positionnement préférentiel pour un côté.

 

Certains pédiatres recommandent de caler la tête sur le côté avec des coussinets ou des petits sacs de sable. Il nous semble aussi intéressant d'encourager le bébé, quand il est éveillé, à tourner la tête spontanément vers des objets attractifs, mobile accroché un peu sur le côté, ou jouets installés sur son tapis mais pas juste au-dessus de sa tête... On peut aussi changer de bras pour lui donner son biberon et lors des moments de change et d'échange attirer son regard vers le côté où il a plus de mal à se tourner spontanément. En grandissant, il fera "cette gymnastique" tout seul sur son tapis d'éveil et dans son lit ! Seuls les enfants atteints de vrais torticolis ont parfois besoin de quelques séances de kinésithérapie. Les ostéopathes par une manipulation douce peuvent aussi soulager certaines tensions chez les bébés qui semblent douloureux et pleurent beaucoup.

 

Alors, pile ou face ?

 

La prévention de la redoutable mort subite du nourrisson ne laisse pas le choix aux assistantes maternelles pour les périodes de sommeil. Ils doivent dormir sur le dos. Pour les périodes d'éveil, la position allongée sur le dos est celle qui laisse à l'enfant le plus de possibilités motrices spontanées. Une seule règle, qui n'en est pas une, observer chaque enfant, le laisser le moins longtemps possible dans des supports lui laissant peu d'initiative, transat, maxicosy, etc., l'encourager et partager le plaisir de ses découvertes motrices !

 

 

Source : Assistanes maternelles magazine - numéro 36 - juin 2007



07/08/2008
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