La motricité chez le jeune enfant
L'importance de la motricité chez le jeune enfant
Cette section insiste sur l'importance de la motricité chez l'enfant de 0 à 6 ans. Elle explique les deux grandes catégories de la motricité et les principaux préalables aux apprentissages scolaires, tout en y associant des suggestions pour une pratique éducative stimulante et appropriée aux besoins de l'enfant.
Le développement psychomoteur de l'enfant (0-6 ans)
Un aspect important du développement de l'enfant concerne sa motricité, c'est-à-dire le développement de l'ensemble des fonctions qui permettent le contrôle de ses mouvements. L'enfant assume sa présence au monde par son corps; par sa motricité, il entre en interaction avec l'environnement. Il s'y déplace, manipule les objets qui en font partie, s'y adapte et cherche éventuellement à le modifier.
Le développement de la motricité exerce une influence généralisée sur l'enfant. Il contribue notamment à son autonomie dans les activités quotidiennes (il arrive éventuellement à manger et à s'habiller seul), à sa socialisation (en participant aux jeux avec ses amis), à sa confiance en soi (parce qu'il devient habile), au développement de sa santé (par sa participation à des activités physiques vigoureuses) et à sa préparation à la vie scolaire (il maîtrise entre autres les notions d'espace et de temps qui sont des préalables importants pour la lecture, l'écriture et le calcul).
Deux grandes formes de stimulation assurent un développement harmonieux de la motricité de l'enfant : l'exploration motrice et l'exercice répété. L'exploration motrice signifie que l'enfant doit pouvoir compter sur de nombreuses opportunités de découvrir librement son environnement, incluant les objets qui en font partie. Spontanément, l'enfant est porté vers les activités d'exploration (à une étape de son développement, c'est un délice pour lui de fouiller dans les armoires basses de
la cuisine, dans les tiroirs de bureau, etc.) et il doit être encouragé et stimulé vers ces activités d'exploration, bien entendu dans un contexte adapté, rassurant, sécuritaire et éventuellement contraignant (tout n'est pas permis).
L'exercice répété signifie que, comme pour tout autre comportement, l'efficacité et l'aisance d'une fonction motrice viennent avec la répétition : c'est ce qui assure le développement de l'habileté ou de la compétence motrice et psychomotrice. L'exercice peut être répété spontanément par l'enfant lui-même ou, éventuellement, être réalisé sous la supervision d'un adulte qui lui assure alors des rétroactions (ou appréciations) structurantes.
La motricité : deux catégories en complémentarité
La motricité se divise en deux grandes catégories complémentaires : la motricité globale et la motricité fine.
La motricité globale concerne les mouvements qui sollicitent les grandes masses musculaires retrouvés dans des activités telles que
ramper, marcher, courir, sauter, lancer ou attraper un objet. La motricité fine concerne les mouvements qui sollicitent les petits muscles, particulièrement ceux des mains et des doigts, retrouvés dans les activités telles que boutonner un vêtement, lacer un soulier, dessiner, écrire, jouer d'un instrument de musique.
Ces deux grandes catégories de mouvements se développent un peu séparément mais en s'influençant mutuellement. Ainsi, lorsque l'enfant est rendu au stade de ramper et de se «déplacer à quatre pattes», entre 4 et 9 mois environ, il peut difficilement manipuler des objets en même temps. Ce n'est qu'au moment où il contrôle suffisamment les muscles imposants des jambes, du tronc et du cou qu'il peut adopter une posture stable (assis ou debout), ce qui lui permet de libérer ses mains pour effectuer des mouvements plus précis. Ainsi, un développement harmonieux de l'enfant suppose qu'il développe sa motricité globale et sa motricité fine.
Lorsqu'il sera plus âgé, la motricité fine de l'enfant sera plus particulièrement associée aux activités de symbolisation, telles qu'exprimer un sentiment par un dessin, une idée par l'écriture, une émotion par la musique. C'est donc cette forme de motricité qui sera davantage sollicitée par les activités scolaires en salle de classe. Nous disons alors d'elle qu'elle concerne le développement psychomoteur de l'enfant, parce qu'elle touche le développement des relations entre l'ensemble de
ses fonctions mentales et sa motricité. Un exemple suffira : l'enfant comprend d'autant mieux les concepts de «haut» et «bas» qu'il a manipulé une multitude d'objets situés à différentes hauteurs et qu'il s'est lui-même déplacé sur différentes hauteurs.
La motricité selon l'âge
Nous l'avons dit, ces deux sphères sont importantes et complémentaires pour assurer un développement harmonieux. C'est cependant une question d'accent en fonction de l'âge de l'enfant.
Entre la naissance et l'âge de 2 ans environ, sans négliger sa motricité fine (ex : manipuler un hochet, etc.), l'enfant est surtout disponible pour des activités sollicitant sa motricité globale. C'est la période propice pour le développement de la posture (s'asseoir, se lever, etc.) et de la locomotion (ramper, se déplacer à quatre pattes, marcher, courir, etc.). À cet âge, il est surtout question d'exploration libre et spontanée de la part de l'enfant. Nous devons stimuler cette exploration, la provoquer, sous forme de jeu, mais il ne saurait être question de répétition, surtout pas forcée par l'adulte.
Entre 2 et 4 ans environ, sans négliger sa motricité globale, l'enfant est alors davantage disponible pour des activités sollicitant sa motricité fine : la manipulation d'objets, en progressant vers des objets de plus en plus petits (par exemple : les billes, les crayons, etc.). À cet âge, plusieurs occasions doivent être offertes à l'enfant pour s'exercer (par exemple, il dessine souvent), mais sans qu'il ne soit question de lui enseigner des techniques à proprement parler. L'enfant doit y trouver beaucoup de plaisir.
Après l'âge de 4 ans, l'enfant est disponible aux deux formes de motricité, globale et fine, et disponible également pour ses premiers exercices répétés vers l'atteinte d'un objectif plus précis (par exemple : dessiner sans dépasser les lignes) ou d'exécuter d'une façon particulière le mouvement demandé (par exemple : sur la façon de tenir un objet).
L'évolution du jeu | |||
M |
0 à 6 mois |
Le jeu libre |
L'enfant : |
6 à 12 mois |
Le jeu concret | ||
12 mois à 2 ans |
Le jeu d'association | ||
S |
2 à 6 ans |
Le jeu symbolique |
Ce jeu permet à l'enfant : |
O |
6 ans et plus |
Le jeu organisationnel |
Le jeu organisationnel est celui qui comporte des règles formelles. |
C |
6 ans et plus |
Le jeu de construction |
Les jeux de construction se développent à partir du jeu symbolique et se concrétisent par des réalisations mécaniques et des |